Alcool : quand le cerveau trinque…

Alcool : quand le cerveau trinque…

Maladies cardiovasculaires, cirrhose, cancers… : l’abus chronique d’alcool menace notre santé et serait même responsable de près de 50 000 décès par an en France. Mais saviez-vous qu’il est aussi la 1ère cause de troubles mentaux dans le monde ?

Son impact majeur sur le cerveau est aujourd’hui mieux connu.
 
C’est prouvé : la consommation chronique d’alcool induit des altérations des connexions entre les neurones, de la masse et de la structure du cerveau. Troubles de la mémoire, de l’équilibre, du comportement, de la motricité, de la coordination, de la concentration : certains de ses effets sont bien visibles. Mais ce que les scientifiques découvrent à l’imagerie révèle à quel point l’alcool endommage le cerveau en tant qu’organe. Les hommes qui boivent plus de 4 verres par jour (3 pour les femmes) présentent ainsi des modifications de presque toutes les zones du cerveau : le lobe frontal principalement, mais aussi le corps calleux (situé entre les deux hémisphères), l’hippocampe, le cervelet… Par rapport aux abstinents, leur masse de matière grise est nettement diminuée et les fibres de leur substance blanche, chargées de transmettre les informations nerveuses, sont abîmées.
 
Un verre ça va, vraiment ?
 
Une récente étude américaine révèle que ces effets délétères sont présents même chez les personnes qui ne boivent qu’1 ou 2 verres par jour et qui ne sont pas dépendants à l’alcool. Ses auteurs estiment qu’en passant d’une consommation de 0 à 4 verres quotidiens, une personne ferait à 50 ans vieillir son cerveau de 10 ans. Les gros buveurs perdraient quant à eux jusqu’à 15% de leur cellules cérébrales en moins de 15 ans…
 
Plus la consommation d’alcool commence tôt dans la vie, plus les dégâts infligés au cerveau sont importants. En effet, alors qu’on sait que l’alcool consommé par une femme enceinte peut entraîner de graves atteintes du système nerveux central chez l’enfant, on tend à oublier que le cerveau continue à se développer jusqu'à la vingtaine. Chez les adolescents, la consommation régulière d’alcool, qui concerne 8,5% des moins de 17 ans en France, endommage l’hypophyse et le cortex préfrontal en entraînant des retards de croissance, des difficultés d’apprentissage et de la dépression. Selon l’Inserm, elle altère également les fibres nerveuses du mésencéphale. Cette région cérébrale est impliquée dans des fonctions vitales mais aussi dans le « circuit de récompense », un système associant plaisir, motivation et conditionnement, ce qui expose les jeunes à une dépendance accrue à l’alcool.
 
 
Sources :
Daviet R, Aydogan G, Jagannathan K et al : Associations between alcohol consumption and gray and white matter volumes in the UK Biobank. Nat Commun 13, 1175 (2022)
Inserm : L’abus d’alcool altèrerait le circuit de la récompense dans le cerveau des ados (publié le 13/09/19) : https://www.inserm.fr/actualite/abus-alcool-altererait-circuit-recompense-dans-cerveau-ado
Aide Alcool : Alcool et cerveau : https://aide-alcool.be/alcool-cerveau
Ministère des Solidarités et de la Santé : L’addiction à l’alcool (MAJ 21/12/21) : https://solidarites-sante.gouv.fr/prevention-en-sante/addictions/article/l-addiction-a-l-alcool
MILDECA : L’essentiel sur les jeunes et l’alcool, février 2022